Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/188

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Comment, c’est encore le même ! celui que nous avons mangé hier soir ! Comment cela peut-il être ?

Et ils se mirent à se le jeter de l’un à l’autre, comme une balle. Enfin, un d’eux le lança si violemment contre la muraille, qu’il y resta collé comme une pomme cuite ! Le chant d’un coq se fit entendre en ce moment, et ils s’en allèrent précipitamment.

Aussitôt la princesse entra encore dans la chambre, et cette fois elle était visible jusqu’à la ceinture. Elle se mit encore à frotter le corps de Jean avec son onguent, et l’eut bientôt rappelé à la vie.

— Vous n’avez plus qu’une nuit à souffrir, lui dit-elle alors, mais elle sera terrible. Ayez toujours bon courage, et tous vos maux et les nôtres aussi, seront bientôt terminés, et nous serons mariés l’un à l’autre, et ce château, avec tout ce qui s’y trouve, nous appartiendra. Puis elle disparut.

Le jour suivant se passa comme la veille, et, la nuit venue, Jean se rendit pour la troisième fois à la chambre d’épreuve.

Les trois diables vinrent comme les deux nuits précédentes, l’écartelèrent cette fois, le hachèrent menu comme chair à pâtée, puis le firent cuire et l’avalèrent jusqu’au dernier morceau, même les os.

Au chant du coq, ils partirent encore en disant :