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LA GROAC’H DE L’ILE DU LOK.

— Te sauver ! dit Bellah, qui es-tu donc, mon petit homme ?

— Je suis Jeannik, le mari de la Groac’h de l’île du Lok ; c’est elle qui m’a envoyé ici.

— Mais que fais-tu dans ce nid ?

— Je couve six œufs de pierre, et je n’aurai ma liberté que lorsqu’ils seront éclos.

Bellah ne put s’empêcher de rire.

— Pauvre cher petit coq, dit-elle, et comment pourrais-je te délivrer ?

— En délivrant Houarn, qui est au pouvoir de la Groac’h.

— Ah ! dis-moi ce qu’il faut pour cela ? s’écria l’orpheline, et, quand je devrais faire à genoux le tour des quatre évêchés, je commencerais tout de suite.

— Hé bien donc, il faut deux choses, dit le korandon : d’abord te présenter à la Groac’h comme un jeune homme ; puis lui enlever le filet d’acier qu’elle porte à la ceinture et l’y enfermer jusqu’au jugement.

— Et où trouverais-je un habit de garçon à ma taille, korandon mon chéri ?

— Tu vas le savoir, ma jolie fille.

À ces mots, le petit nain arracha quatre de ses cheveux roux, il les souffla au vent, en marmottant quelque chose tout bas, et