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LA GROAC’H DE L’ILE DU LOK.

Elle se mit donc à faire de grandes amitiés à Bellah, en l’appelant mon mignon ou mon petit cœur. Elle lui servit à goûter, et la jeune fille trouva sur la table le couteau de saint Corentin, qui avait été laissé par Houarn. Elle le prit pour s’en servir à l’occasion, puis elle suivit la Groac’h dans le jardin.

Celle-ci lui montra les pelouses fleuries de diamants, les jets d’eau parfumés de lavande, et surtout le vivier où nageaient les poissons de mille couleurs.

Bellah parut si enchantée de ces derniers, qu’elle s’assit au bord de la pièce d’eau afin de mieux les regarder.

La Groac’h profita de son ravissement pour lui demander si elle ne serait pas bien aise de rester toujours en sa compagnie. Bellah répondit qu’elle ne demanderait pas mieux.

— Ainsi tu consentirais à m’épouser sur-le-champ ? demanda la fée.

— Oui, répondit Bellah, à la condition que je pourrais pêcher un de ces beaux poissons avec le filet d’acier que vous avez à la ceinture.

La Groac’h, qui ne soupçonnait rien, prit cela pour un caprice de jeune garçon, elle donna le filet, et dit en souriant :

— Voyons, beau pêcheur, ce que tu prendras.

— Je prendrai le diable ! cria Bellah, en jetant le filet ouvert