Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et les cuillers de bois plantées en rond dans la bassine, un vieil homme poussa brusquement la porte et souhaita bon appétit à tout le monde.

C’était un mendiant de Pluvigner qui n’entrait jamais dans les églises, et dont les honnêtes gens avaient peur. On l’accusait de jeter des sorts sur les bestiaux, de faire noircir le blé dans l’épi et de vendre aux lutteurs les herbes magiques. Il y en avait même qui le soupçonnaient de devenir gobelinn à volonté.

Cependant, comme il portait l’habit des pauvres, le fermier lui permit de s’approcher du foyer ; il lui fit même donner un escabeau à trois pieds et une portion d’invité.

Quand le sorcier eut fini de manger, il demanda à se coucher, et Bernèz alla lui ouvrir l’étable où il n’y avait qu’un vieil âne pelé et un bœuf maigre. Le mendiant se coucha entre eux pour avoir chaud, en appuyant sa tête sur un sac de lande pilée.

Mais, comme il allait tomber dans le sommeil, minuit sonna. Le vieil âne secoua alors ses longues oreilles et se tourna vers le bœuf maigre.

— Eh bien, mon cousin, comment cela va-t-il depuis la Noël dernière que je ne vous ai parlé ? demanda-t-il d’un ton amical.

Au lieu de répondre, l’animal cornu jeta un regard de côté au mendiant.