Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/74

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comment, la nuit prochaine, les trésors de la lande seraient tous à découvert, mais sans lui apprendre en même temps le moyen d’éviter les pierres au moment de leur retour. Le jeune garçon crut qu’il ne fallait que de la hardiesse et de la promptitude, aussi dit-il :

— Vrai comme il y a trois personnes en Dieu, je profiterai de l’occasion, vieil homme, et j’aurai toujours une pinte de mon sang à votre service pour l’avertissement que vous venez de me donner. Laissez-moi seulement finir la croix que j’ai commencé à creuser sur cette pierre ; quand il sera temps, j’irai vous rejoindre près du petit bois de sapin.

Bernèz tint parole et arriva au lieu convenu une heure avant minuit. Il trouva le mendiant qui portait un bissac de chaque main et un autre suspendu au cou.

— Allons, dit-il au jeune homme, asseyez-vous là et pensez à ce que vous ferez quand vous aurez à discrétion l’argent, l’or et les pierreries.

Le jeune homme s’assit à terre et répondit :

— Quand j’aurai l’argent à discrétion, je donnerai à ma douce Rozennik tout ce qu’elle souhaite et tout ce qu’elle a souhaité, depuis la toile jusqu’à la soie, depuis le pain jusqu’aux oranges.

— Et quand vous aurez l’or à volonté ? ajouta le sorcier.

— Quand j’aurai l’or à volonté, reprit le garçon, je ferai riches