Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et faire d’avance l’inventaire de son pauvre mobilier. Scoull, le second cousin, ne valait guère mieux ; si bien que le recteur, devinant à qui son âme aurait affaire après sa mort pour obtenir des prières, et trompé d’ailleurs par quelques marques d’amitié que lui témoignait Hervis, le plus jeune de ses héritiers, résolut de donner tout son bien à celui-ci, qui demeurait à l’Armor-Baden. Il fit donc son testament de la sorte, et le confia à Hervis, en le priant d’employer la moitié de son petit héritage tant à faire chanter des messes pour le repos de son âme qu’au soulagement des pauvres de la paroisse. Le cousin promit, et le vieux prêtre mourut peu de temps après.

Gurh et Scoull arrivèrent bien vite au presbytère ; mais l’autre, armé du testament qui était en bonne forme, ne se gêna point pour les mettre à la porte. Il y eut bataille, à ce qu’on assure, entre les trois coquins ; Hervis y perdit même un œil, mais il garda tout le bien du recteur, et pour compenser l’œil qu’il n’avait plus, il jugea à propos de supprimer les messes qu’il avait promises et les aumônes qu’il devait aux pauvres.

Un soir que Jeanne, la fille d’Hervis, ramenait au village ses bestiaux qu’elle avait gardés tout le jour sur les landes de Lok-mikel, tout à coup elle vit un prêtre se lever derrière un grand menhir, s’avancer entre elle et son troupeau et lui faire rebrousser