Page:Souvestre, Laurens de la Barre, Luzel - Contes et légendes de Basse-Bretagne.djvu/95

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Majesté que je suis allé dans ce pays des cuisiniers pour apprendre à faire la cuisine à la nouvelle mode.

Orch ! orch ! ça me donne appétit, mais je suis diablement pressé.

— Patience, Monseigneur, n’y aura rien de perdu, laissez-moi faire ; où est la volaille ?

— Montrez-lui la broche et la volaille, et si dans cinq minutes…

— Suffit, Monseigneur, on sera prêt. À l’ouvrage !

Et en disant cela, Tam retournait ses manches et suivait Ragear à la cuisine. Oh ! Jésus-Maria ! qu’est-ce qu’il vit dans un coin de la cuisine !… La cuisine était assez grande ; il y avait des billots faits avec des chênes tout entiers, des couperets énormes, des poêles à frire larges comme des meules de moulin, un tourne-broche dont les roues avaient l’air d’un moulin à farine, des broches, des broches longues comme le pied de la grande bannière de Clohars ! Ça faisait frémir, quand on pense qu’il y avait à côté des morceaux de kik et d’os qui ne sentaient ni le veau, ni le bœuf, ni le mouton.

Le fameux Jalm Thurio était dans le fond de la cheminée, près du feu, non pas pour se chauffer à l’aise, n’allez pas croire, mais bien garrotté, troussé comme un poulet, tout prêt à être embroché et grillé comme saint Laurent.