Aller au contenu

Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
90
au bord du lac.

comme les meilleurs du pays ; les cloîtres où les frères se promenaient, les mains dans leurs larges manches et la tête baissée, rêvant à Dieu et au salut des hommes ; la chapelle où leurs âmes se confondaient dans l’élan d’une prière commune ; leurs cellules ornées d’un simple crucifix, symbole de dévouement et de délivrance !

Le Père gardien le conduisit ensuite à la bibliothèque, et là Jehan tomba dans une véritable extase. Les manuscrits, rangés avec ordre et proprement reliés, étaient au nombre de plusieurs centaines. Ambroise apprit au jeune serf que c’était la propriété du couvent. Ils allaient passer aux salles d’étude lorsque l’on vint avertir le Père gardien que quelqu’un le demandait : c’était un homme qui avait la figure couverte d’un morceau d’étoffe, et qui venait le consulter pour un cas de conscience.

Jehan descendit seul dans le préau, où il trouva les novices. L’un d’eux le reconnut et l’appela par son nom : c’était le fils d’un des voisins de son père. Le jeune serf lui raconta son histoire et comment il se trouvait à Tours.

— Ah ! Jehan, que ne te fais-tu recevoir dans notre couvent ? reprit le novice, lorsqu’il eut achevé. Ici nous sommes hors du siècle et à l’abri de ses iniquités ; ici il n’y a ni nobles ni vilains ; nous jouissons de la liberté et de l’égalité devant Dieu. Notre Père gardien lui-même ne doit son autorité qu’au choix des autres moines, qui ont librement reconnu la supériorité de