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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/107

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au bord du lac.

lonne de fumée. Il se dirigea de ce côté et arriva à une logette surmontée d’un clocheton.

La porte était ouverte et il n’y avait personne au logis ; mais la nuit commençait à venir, le brouillard était froid ; Jehan se décida à attendre le maître.

Celui-ci entra peu après en chantant. Il portait au cou un barillet dont il avait souvent tourné le robinet, à en juger par sa gaieté. À la vue de Jehan il poussa un bruyant éclat de rire.

— Vive Dieu ! quel est l’étranger qui vient chercher abri dans mon palais ? s’écria-t-il.

Jehan lui raconta comment il était entré.

— Tu n’as donc pas reconnu la logette ? reprit l’homme au barillet.

— Nullement, répliqua Jehan.

— Et tu ne sais point où tu es ?

— Où suis-je donc ?

Pour toute réponse le nouveau venu écarta la peau de chèvre dans laquelle il était enveloppé, et laissa voir une tartarelle à la ceinture de laquelle pendait une cliquette et une tasse.

— Un lépreux ! s’écria le jeune homme en se levant d’un bond.

— Ce n’est point ma faute si tu es entré, reprit le ladre en riant.

— Je m’en vais, dit Jehan, qui gagna la porte. Veuillez me dire seulement si je suis loin de quelque village.

— À trois lieues, et il faut traverser la forêt, où tu seras immanquablement égorgé.