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au bord du lac.

au milieu des palais ; ces boucheries tellement distinctes et séparées, que chacune ne pouvait vendre qu’une espèce de viande ; de sorte que l’on achetait le porc à Sainte-Geneviève, le mouton à Saint Marceau, le veau à Saint-Germain, et le bœuf au Châtelet. Puis, quel bruit de chevaux, de voitures, de voix, d’instruments ! Le matin les trompettes sonnaient du haut des tours du Châtelet pour annoncer le jour ; à midi, c’étaient les crieurs de vin qui parcouraient les rues un linge sur le bras, le broc dans une main et la tasse dans l’autre ; le soir venait le tour des chandeliers, des oublieurs, des pâtissiers.

Et que de distractions à toute heure pour le curieux ! Ici l’on pouvait voir les bourgeois de Paris s’exerçant par milliers au tir de l’arc ou de l’arbalète ; là les écoliers jouant aux jeux de la balle, de la crosse ou de la boule. Quelquefois les enfants de chœur parcouraient la ville à la lueur des torches et déguisés en évêques ; plus souvent les pèlerins, le chapeau suspendu au cou, les épaules couvertes de coquilles, et le bâton rouge à la main, parcouraient la rue Saint-Denis en chantant des cantiques et racontant leurs aventures de la Terre-Sainte.

Mais ce qui charmait Jehan plus que tout le reste, c’étaient les porches des églises sous lesquels étaient déposés, avant le sermon, les livres auxquels les textes devaient être empruntés, et les boutiques des libraires où étaient exposés des manuscrits que le passant pouvait lire à travers les vitres.