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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/135

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au bord du lac.

— Se peut-il !

— Et tu arriverais trop tard, regarde !

Jehan leva la tête ; des flammes illuminaient effectivement l’horizon du côté du vivier.

Le jeune homme poussa un cri et s’élança à travers le fourré, se dirigeant en courant vers l’incendie.

Bientôt il distingua les cabanes en feu, il crut entendre des cris !… Faisant un dernier effort, il franchit rapidement l’espace qui lui restait à parcourir et arriva à la porte de sa cousine.

La flamme commençait à peine à serpenter le long du toit de chaume, Jehan éperdu se précipita dans la cabane ; mais en y entrant, son pied glissa dans le sang et alla heurter un cadavre étendu à terre.

C’était celui de Catherine !

 

Un mois après Jehan prenait l’habit de novice chez les Franciscains de Tours.

Le jour où il descendit au préau pour la première fois, un moine vint à lui et lui demanda s’il le reconnaissait : c’était celui qui, simple novice, dix ans auparavant, lui avait conseillé d’entrer au couvent. En remarquant la pâleur de ce front triste et ravagé, le jeune religieux secoua la tête.

— Hélas ! je le vois, dit il, vous avez fait une rude expérience de la vie.

— Et après de longues épreuves j’ai reconnu, comme vous le disiez, que c’était ici seulement le port, ajouta Jehan. Partout ailleurs le servage vous laisse quelque