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le chevrier de lorraine.

sure reçue au front, demeura bientôt seul en arrière.

Il le croyait du moins, car il n’avait point aperçu la jeune fille, qui avait laissé le reste de sa famille continuer sa route, et qui s’était approchée de lui avec un air de bonté compatissante.

— Les méchants garçons vous ont blessé, dit-elle, en regardant la plaie qu’il lavait à la fontaine. Ah ! c’est grande pitié de voir ainsi couler partout le sang de bonnes gens ; ici ce n’est que par gouttes, mais ailleurs c’est par ruisseaux et rivières.

— Oui, répliqua le jeune gars, les Bourguignons sont partout les plus heureux ; on disait l’autre jour à Commercy qu’ils avaient encore battu les Français près de Verdun. Aussi, quand je gardais les chèvres à Pierrefitte, on répétait que tout serait bientôt réduit en leur pouvoir.

— Le grand Messire[1] ne le voudra pas, reprit vivement la jeune fille ; non, il nous conservera nos vrais rois pour que nous restions de vrais Français. Ah ! j’ai confiance dans Messire et dans sa bienheureuse compagnie saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite.

À ces mots elle se signa dévotement, se mit à genoux et prononça à demi-voix une fervente prière ; après quoi, elle reprit la parole pour interroger le jeune garçon sur lui-même.

Il répondit qu’il se nommait Remy Pastouret, que

  1. Dieu.