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le chevrier de lorraine.

— Ce sont les gens qui n’ont rien qui entretiennent la guerre, continua un riche bénéficier.

— Comme s’il leur importait beaucoup d’être Français ou autre chose !

— Et comme s’ils ne seraient pas toujours de la grande nation des gueux !

— Au diable les enragés !

— Dieu a dit : Paix aux hommes de bonne volonté !

— C’est-à-dire à ceux qui déjeunent, qui dînent et qui soupent.

— Sans oublier le Benedicite.

— Ni les épices.

On venait en effet de les servir, au grand contentement des dames, qui n’avaient guère mangé jusqu’alors que quelques pâtisseries ; ensuite les pages apportèrent les chaufferettes pleines de parfum, afin que chaque invité pût exposer à la vapeur embaumée ses cheveux, ses mains et ses habits ; et tout le monde se leva pour passer dans la salle du bal.

Remy mangea les restes du festin avec les valets, et, au moment où il allait partir, Périnette lui fit envoyer une bourse raisonnablement garnie, en lui recommandant de se réjouir en son intention.

Le présent valait mille fois autant que celui de la paysanne de Domremy ; et la recommandation devait être plus agréable au jeune homme. Cependant il garda les trois deniers donnés par Jeanne, et se rappela de préférence son conseil. C’est que, lui aussi, avait été élevé parmi ces gens qui n’avaient rien… si