Aller au contenu

Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
142
au bord du lac.

demain il souffrait davantage… et le jour suivant il m’a appelé en me disant d’aller chercher un prêtre…

— C’était un médecin qu’il fallait chercher, interrompit frère Cyrille… Je veux dire l’un et l’autre… Douleur de côté avec toux et oppression, sans doute… Phlebotomia est… Et on n’a rien fait ?

— Le prêtre l’a confessé, mon père.

— Fort bien ! dit le moine d’un ton chagrin… et… il en est mort ?

— Dans la nuit, répliqua Remy, qui retenait avec peine ses larmes.

Frère Cyrille fit un geste de dépit.

— Fort bien ! fort bien ! répéta-t-il, en faisant quelques pas en arrière dans le parloir… Ainsi, la science a beau faire chaque jour de nouveaux progrès, l’ignorance du vulgaire les rend inutiles… Servum pecus !… Il eût suffi de saigner le bras gauche… comme on saigne le doigt auriculaire pour la fièvre quarte… le nez pour les maladies de peau… Jérôme est mort par sa faute ! par sa seule faute, et il en sera responsable devant Dieu…

Son accent s’était élevé, mais il s’aperçut tout à coup de l’émotion de Remy, et il s’arrêta court…

— Ah !… fort bien, murmura-t-il à demi-voix… Au fait, ce que je dis là est maintenant inutile… Vous êtes sans doute le fils du défunt ?

Le jeune garçon fit un signe affirmatif.

— Et qui vous a dit de venir me trouver ?

— Mon père lui-même, répliqua Remy. Au moment