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au bord du lac.

-Saint servante d’Astaroth et de Belzébuth, je t’ordonne de cesser tes menaces et de renoncer à tes maléfices.

La sorcière s’arrêta et demeura un instant immobile près de la porte. Le Père Cyrille ne douta pas qu’elle n’eût obéi malgré elle à l’exorcisme puissant qu’il venait de prononcer ; mais la vieille, qui semblait écouter, se rapprocha tout à coup, et dit :

— Quelqu’un vient pour consulter la reine de Neuville.

— Tu as donc reçu l’avertissement du démon ? demanda le moine étonné.

— Ils sont plusieurs, reprit la sorcière, qui tournait le dos à la porte ; ils sont armés ; retire-toi avec l’enfant, et laisse-les me parler sans témoin.

Elle avait pris la lampe et s’avançait vers une des pièces voisines ; elle y fit entrer ses deux hôtes.

C’était un caveau spacieux, au fond duquel se trouvaient un brasier encore enflammé et une litière de feuilles sèches. La reine de Neuville engagea les deux voyageurs à se réchauffer et à prendre du repos, puis se retira en refermant la porte de séparation.

La terreur de Remy n’était point dissipée. Le moine s’efforça de le calmer en lui répétant que les formules magiques pouvaient être victorieusement combattues par celles de l’exorcisme. Il s’approcha ensuite du brasier qu’il ranima et engagea le jeune garçon à s’asseoir avec lui sur le lit de feuilles.

Mais les voix des nouveaux visiteurs venaient de se