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le chevrier de lorraine.

aussi hardiment, faux moine ! interrompit de Flavi avec emportement. Sur mon Dieu, je ferai un exemple de ces mauvais garçons qui ont vendu la France aux hommes d’outre-mer.

Un murmure d’approbation s’éleva parmi les gendarmes qui entouraient les prisonniers.

— Oui, oui, il faut des exemples, répétèrent plusieurs voix. Une corde, apportez une corde !

— Voilà, cria Richard, qui avait détaché le licou d’un cheval de valet.

— Noël ! Noël !

— Il n’y a qu’une cravate pour deux, fit observer un gendarme.

— Chacun aura son tour, comme pour les sentinelles, répondit un second.

— Par lequel commencer !

— Par le moine ! par le moine !

— Non, dit de Flavi, par le jeune gars.

Exaudi nos avait fait approcher le cheval de l’arbre ; il monta debout sur la selle, atteignit une branche et y attacha l’extrémité du licou. Les deux soldats voulurent saisir Remy pour le soulever jusqu’à l’autre bout ; mais le Père Cyrille se jeta au-devant.

— Ne le tuez pas ! s’écria-t-il hors de lui, au nom du Dieu vivant, ne le tuez pas ! nous ne sommes point des espions ! Le sire de Flavi le sait… car son archer nous connaît. Il a reçu l’hospitalité dans notre couvent, j’ai pansé la plaie de sa jambe droite. Je l’adjure de déclarer ici la vérité !…