Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/212

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
le chevrier de lorraine.

moine, et le pauvre chevrier deviendra un riche et noble seigneur ; car, aussi vrai qu’il n’y a qu’un Dieu en trois personnes, le jeune garçon ici présent est fils légitime de la dame de Varennes.

— Par la gorge ! moine, tu en as menti ! s’écria de Flavi, qui fit avancer brusquement son cheval sur le Père Cyrille, et le heurta si violemment qu’il tomba étourdi et sanglant. Emmenez cet affronteur, ajouta-t-il en faisant signe à ses gens de le saisir.

Mais Jeanne avait sauté à terre pour relever le moine, et s’écria tout émue :

— Ah ! Jésus ! il est blessé. Aidez-moi à le soulager, messires, le cœur me tourne quand je vois couler le sang d’un Français.

— De fait, ceci n’est point l’action d’un gentilhomme, dit le roi sévèrement.

— Non, reprit la Pucelle, les vrais chevaliers ne frappent pas les faibles ; mais sur mon salut ! ceux-ci ne me quitteront plus, et avec la protection de notre gentil roi, leur dire sera vérifié.

— Ce sera chose facile, reprit Charles ; ce soir même nous passons près du château de Varennes. Emmenez vos protégés, Jeanne, nous les mettrons en présence de la dame et d’hommes prudents qui décideront.

À ces mots, il tourna bride et se remit en marche. Jeanne appela aussitôt le frère Jean Pasquerel, lecteur du couvent des Augustins de Tours, qu’on lui avait donné pour aumônier particulier, et confia à sa