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le chevrier de lorraine.

tourmentés tous deux de l’épreuve annoncée sans oser se le dire. Enfin, vers le soir, la troupe entière campa en vue du château de Varennes, et Ambleville, un des hérauts d’armes de la Pucelle, vint pour chercher Remy et son conducteur.

Ils trouvèrent dans la grande salle Jeanne entourée de plusieurs évêques et gentilshommes qui formaient le conseil du roi. Le sire de Flavi était près de la porte, l’air encore plus farouche que d’habitude.

Au moment où le moine entra avec Remy, la Pucelle fit un pas à leur rencontre.

— Au nom de la Vierge Marie, dit-elle, approchez sans crainte et exposez vos droits à messires qui sont prud’hommes. Si vous avez parlé vrai, comme je crois, ils vous seront miséricordieux.

Cyrille s’inclina respectueusement devant les membres du conseil.

— Dieu le leur rendra, dit-il avec cette espèce de fierté dont l’habit religieux pouvait seul alors donner l’habitude ; car il est dit dans l’Écriture : Comme l’homme jugera il sera jugé.

Regnault de Chartres, archevêque de Reims et chancelier de France, fit signe aux autres membres du conseil, qui s’assirent ; puis il commença l’interrogatoire de Remy et du Père Cyrille. Celui-ci leur raconta en détail tout ce que le lecteur connaît déjà : l’arrivée du jeune chevrier au couvent, la rencontre de l’archer, leur départ et les divers accidents du voyage ; enfin il présenta, à l’appui de ses affirma-