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au bord du lac.

c’était plus que les forces d’un l’enfant n’en pouvaient supporter : il avait tout épuisé dans cette affreuse journée, et son pauvre cœur n’y suffisait plus ; mais il lui sembla qu’il allait se briser quand l’horloge voisine sonna une heure et qu’un léger grincement de fer l’avertit qu’on se préparait à forcer les volets. M. Kartmann entendit également ce bruit et se rapprocha de la croisée : Frédéric se leva par un mouvement spontané, puis retomba sur sa chaise éperdu.

Cette agonie se prolongea longtemps. Les ouvriers, dans la crainte du bruit, n’ébranlaient le volet que faiblement, et ce ne fut qu’après de longs efforts qu’il fut enlevé. Au même instant, les débris d’un carreau brisé tombèrent sur le parquet, et M. Kartmann fit entendre un coup de sifflet. Le tumulte qui suivit prouva que l’ordre donné par le signal avait été exécuté. Bientôt on distingua des cris, et un coup de feu partit !… À ce bruit, M. Kartmann sortit précipitamment du comptoir. Frédéric, jusque-là ne s’était senti la force de faire aucun mouvement. Le frôlement d’un corps qui cherchait à s’introduire par l’ouverture faite à la croisée l’arracha tout à coup à sa stupeur, et François se trouva devant lui.

— Malheureux ! s’écria-t-il ; que viens-tu faire ici ?

— Sauve-moi ! lui dit François égaré ; Frédéric, sauve-moi !

— Et comment le pourrais-je ?…

Tout à coup un souvenir traversa sa pensée ; il se rappela qu’une porte donnait du comptoir sur le jar-