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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/61

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au bord du lac.

ment l’ombre d’un monde meilleur où chacun sera récompensé selon ses œuvres.

— Et qui nous ouvre ce monde ? demanda Arvins.

— La mort ! répondit Nafel.

Arvins garda un instant le silence. Les paroles de l’Arménien l’avaient profondément ému. Il apercevait des éclairs d’une lumière inattendue et entrevoyait mille horizons nouveaux. Jamais idée si grande, si belle, si consolante, n’avait été offerte à son esprit. Il comparaît cette religion, fondée sur l’équité et l’amour, aux barbares enseignements de Morgan, et l’impuissance de ses dieux qui le laissaient sans consolations dans son abîme, à la générosité de celui des chrétiens, qui, pour le dédommager de la vie, lui montrait au delà du tombeau une existence éternelle où le règne de l’équité commençait.

— Ainsi, reprit-il après une longue réflexion, ta croyance, Nafel, établit ici-bas une loi de justice et de vérité, et comme toute œuvre humaine est imparfaite, elle promet une autre vie où les iniquités seront réparées, les coupables punis, et les affligés consolés. Là, se trouvera dans toute sa perfection ce que la loi du Christ ne peut établir qu’imparfaitement parmi les hommes, et l’existence du ciel continuera et redressera l’existence de la terre.

— Oui, dit l’Arménien, et c’est à nous autres qui avons connu la vérité de la confesser en face de tous, et d’annoncer, en tombant dans le cirque, cette bonne nouvelle au genre humain.