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Page:Souvestre - Au bord du lac, 1852.djvu/93

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au bord du lac.

— Qui sait ? Il peut avoir à donner quelque bon renseignement, et nul doute que dans ce cas monseigneur ne lui fît grâce.

— Est-ce là ce que vous voulez, mon révérend ? je m’en charge.

— Vous ?

— Oui ; j’ai réfléchi qu’après tout j’avais été un peu vif dans cette affaire, qu’il fallait passer quelque chose à un enfant ; car Jehan est presque un enfant. Je comptais parler à monseigneur pour l’apaiser s’il se pouvait.

— Veuillez alors le voir tout de suite, reprit le Père Ambroise, qui, ne doutant plus des accusations avancées par Jehan, sentait l’intendant en sa puissance ; j’attendrai ici votre retour.

— C’est cela, dit Moreau en se levant ; je vais tâcher d’obtenir le pardon.

— Faites tous vos efforts, maître, car si le comte refuse, il faudra que je lui parle des révélations de Jehan, comme dernière ressource.

— Vous n’en aurez pas besoin, mon père, j’en ai la certitude ; le comte manque d’argent, et moi seul je puis lui en procurer : dans ces moments j’obtiens tout de lui. Pas un mot de ce que vous a dit Jehan, mon révérend, et je reviens dans un instant avec sa grâce.

Maître Moreau sortit à ces mots, laissant le Père Ambroise émerveillé du changement qui venait de s’opérer en lui.