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au bord du lac.

seulement prends bien garde d’être pris pour dupe, ou de violer les règlements de la foire. Les règlements doivent être chose sacrée pour nous autres marchands, d’autant qu’on ne peut les enfreindre sans payer une amende ; eh ! eh ! eh ! J’ai rédigé là un cahier pour ce que doivent savoir mes commis ; il faut que tu l’apprennes par cœur.

En parlant ainsi, maître Laurent ouvrit un tiroir d’où il tira un manuscrit qui avait été bien souvent feuilleté, si l’on en jugeait par le bord des pages salies et frangées. Jehan y trouva une sorte de catéchisme mercantile, dans lequel le drapier avait réuni les principales instructions nécessaires à sa profession.

Il vit qu’il y avait à chaque foire des inspecteurs des marchandises, des poids et de l’argent ; un tribunal composé de prud’hommes qui jugeaient immédiatement toutes les contestations, et un grand nombre de notaires spéciaux chargés de rédiger les actes de vente et d’achat. Ces actes avaient certains privilèges particuliers provenant de la foire à laquelle ils avaient été dressés ; enfin, des gardes, assistés de cent sergents, étaient chargés de maintenir la paix et d’arrêter les voleurs.

Il vit en outre que l’argent ne pouvait être prêté, même dans le commerce, à plus de quinze pour cent, et que le marchand qui appelait un acheteur, lorsque celui-ci se trouvait moins près de sa boutique que de celle d’un confrère, était mis à l’amende.

Venaient ensuite des renseignements sur les diffé-