Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/26

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« Les voilà ! »

Et ils s’arrêtèrent à quelques pas, avec une curiosité que tempérait évidemment la peur. Marthe, confuse, s’était cachée à demi derrière Maurice ; mais ce dernier, qui voulait soutenir l’honneur du dix-neuvième siècle, auquel M. Progrès venait d’accoler l’épithète de barbare, se redressa gravement, salua les visiteurs, et leur adressa le discours suivant :

« Messieurs et honorables inconnus,

« Ce n’est point le hasard, mais notre libre choix, qui nous a fait traverser près de deux mille années, pour renaître au milieu de cette génération puissante et éclairée, qui, à force de conquêtes dans le domaine de la perfectibilité humaine, a fait descendre le royaume du ciel sur la terre.

« Aussi nous estimons-nous heureux de pouvoir connaître par nous-mêmes cette race de demi-dieux, si noblement représentée par ceux qui veulent bien m’écouter dans ce moment !… »

(Ici un murmure d’approbation interrompit l’orateur. Il reprit d’une voix plus élevée :)

« Je viens parmi vous. Messieurs, pour m’échauffer au soleil de la civilisation, qui ne brille nulle part ailleurs aussi éclatant !… »

(Bruyants applaudissements.)

« Pour admirer les miracles opérés par une nation intelligente et généreuse… »

(Applaudissements plus bruyants.)

« Pour rendre hommage à un pays que l’on pourrait appeler la patrie de toutes les gloires ! »

(Applaudissements prolongés.)