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LE MONDE TEL QU’IL SERA





I. — PROLOGUE.

Les voyez-vous, accoudés à leur fenêtre de mansarde, au milieu des giroflées en fleurs et du gazouillement des oiseaux nichés sous les tuiles ? La main de Marthe est posée sur l’épaule de Maurice, et tous deux regardent au-dessous d’eux, vers l’abîme sombre. Dans l’abîme apparaît d’abord l’azur étoilé du ciel, puis, plus bas, les ténèbres lumineuses de Paris. Maurice contemple Paris, Marthe ne voit que le ciel !

Mais après avoir erré d’étoile en étoile, son regard fatigué se repose sur Maurice, sa main s’appuie plus tendrement sur l’épaule qui la soutient, sa bouche s’approche et murmure dans un baiser :

« À quoi penses-tu ? »

Perpétuelle question de ceux qui s’aiment ; appel inquiet des âmes qui se cherchent sans se voir, et qui, comme des sœurs égarées dans la nuit, s’interrogent à chaque pas !

Maurice se retourna, et ces deux visages, sur lesquels