Page:Souvestre - Le Monde tel qu’il sera, 1859.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ces plus souples. Leur collège était un palais, pour lequel l’industrie avait épuisé ses merveilles. Il y avait des manèges, des billards, un casino pour la lecture et une salle de spectacle adossée à la chapelle. On donnait à chaque élève un appartement complet et un tilbury, avec un groom pour les promenades.

M. Atout ayant voulu faire voir à Maurice un de ces logements de garçon, ils le trouvèrent occupé par un élève de sixième, déjà complètement initié à la vie d’étudiant.

Du reste, l’agréable n’avait point fait négliger l’utile. Au milieu de la principale cour s’élevait une Bourse, où tous les élèves se réunissaient chaque matin. On y négociait sur les fruits de la saison, sur les lapins blancs et sur les plumes métalliques. Il y avait là, comme à la grande Bourse de Sans-Pair, des opérations habiles ou hasardeuses, des ruines et des opulences subites. On y jouait aussi à la baisse au moyen de fausses nouvelles, et à la hausse par des accaparements combinés, de sorte que les élèves se formaient dès l’enfance au mensonge légal et prenaient l’importante habitude de ne se fier à personne.

Ils s’exerçaient également à l’emploi de la presse périodique, en rédigeant quatre journaux d’opinions contraires, dans lesquels ils tâchaient de se calomnier et de se nuire, aussi bien que des hommes faits. Après le collège de Sans-Pair venait le grand Athénée national, dont les cours étaient fréquentés par des auditeurs de tout sexe et de tout âge.

Le professeur de numismatique, que Maurice voulut entendre, faisait ce jour-là une leçon sur la cuisine du