Aller au contenu

Page:Souvestre - Les Derniers Bretons (tome 1), 1836.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
la bretagne et les bretons.

des passes de l’île de Sein et des Glénans. Je m’attendais à retrouver quelque chose de semblable. Je fus complétement trompé. Au lieu des longs récifs de la côte de Cornouaille, autour desquels hurle la vague, et qui élèvent dans la brume leurs squelettes jaunes, je trouvai un rivage fertile et habité. D’immenses rochers de granit rose, bizarrement taillés par les tempêtes, s’avançaient de loin en loin comme des sphynx égyptiens accroupis dans l’écume de la mer. Au fond de chaque havre apparaissaient des villages à maisonnettes rouges, avec leurs clochers pointus et ardoisés. Parfois, derrière un coteau, je voyais briller au soleil le drapeau tricolore d’une batterie garde-côte, le paratonnerre d’une poudrière, ou l’aile d’un moulin à vent. Partout se révélait la présence de l’homme et de la société. C’était encore de la campagne, mais la solitude avait disparu.