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les derniers bretons.

En attendant, les Voltaire du canton se permettent quelques innocentes plaisanteries sur les saints les moins famés du calendrier, et même parfois quelques contes à demi rabelaisiens qui frisent étrangement l’irrévérence. Je n’oublierai jamais avoir entendu dans un cabaret de village, près de Pontrieux, une histoire de ce genre, qui m’étonna par sa plaisante hardiesse. Je sortais alors du Léonais, où j’avais écouté la ballade du Drap Mortuaire, et plusieurs autres traditions également empreintes d’une sombre dévotion ; je fus singulièrement surpris du contraste que présentait avec ces dernières le récit que j’entendais. Comme il peut donner une juste idée du degré d’émancipation religieuse auquel est arrivé le pays de Tréguier, je le reproduirai ici tel que je l’écrivis sous la dictée du narrateur, qui n’était autre que le maître d’école de l’endroit.