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les derniers bretons.

On voit qu’il y a dans le dénouement de l’histoire de Moustache quelque chose de singulièrement hardi. Cette manière d’escamoter le paradis et de faire passer une âme à la porte du ciel, comme un mouton de fraude aux barrières de l’octroi, est plus plaisante qu’orthodoxe, et le saint Pierre de l’histoire bretonne ne le cède guère en bonhomie à celui de notre Béranger. Sans doute tous les récits de nos paysans ne sont pas aussi peu révérencieux pour les choses saintes ; mais à part cette nuance philosophique un peu vive, l’histoire de Moustache résume admirablement le conte gai de la littérature armoricaine. Aucun autre modèle n’en donnerait une idée plus exacte. La fable peut varier, les personnages changer de noms ; mais toujours vous trouverez le joyeux garçon, fringant et avisé, qui va par les chemins, cherchant aventure, et qui fi-