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les derniers bretons.

files de peulvans d’inégales grandeurs. Aussi loin que l’œil peut s’étendre, on voit les onze lignes se prolonger et se perdre dans la nuit. Cette armée de fantômes immobiles semble rangée là pour passer la revue de la mort, que l’on s’attend à voir paraître entre les files, armée de sa faux et montée sur son squelette de cheval. Par instans, la clarté stellaire que voile ou que découvre un nuage, baigne ces masses blanches d’ombre ou de lumière, et l’œil trompé croirait les voir exécuter des mouvemens mystérieux. Un silence solennel règne au loin ; à peine si le vent vous apporte un écho du clapotement de la mer sur les grèves. Il semble seulement que l’on entende dans la nuit cette voix sourde et indistincte de la terre et du ciel, ce retentissement confus de l’eau qui sourde, de l’air qui passe, de l’insecte qui rampe ; cet accent qui n’est pas un bruit, vague ru-