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poésies de la bretagne.

» Si je dois mourir (mais je tâcherai que cela n’arrive pas !), Bacchus, mon patron bien-aimé ! faites que je sois enterré sous la tête d’une barrique, la bouche demi-ouverte, de sorte que, lorsqu’on ouvrira la clef, je puisse profiter des gouttes qui tomberont !

» Si je pouvais être toujours ivre, je ne me croirais jamais malade ! Souvent je suis resté pour mort, dans un fossé, faisant ma cuvée ; alors j’étais joyeux, et je n’avais ni peine ni souci ! J’aurais voulu fourrer ma tête dans une barrique pleine, pour y nicher mon âme comme dans un paradis !

» Quand je mourrai, n’appelez point de prêtre pour m’aider ni m’assister. Mes frères les ivrognes chanteront le Libera ! Que le trintrin des verres se fasse entendre jusqu’à