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les derniers bretons.

doigts les fleurs de romarin qu’elles ont cueillies sur la dune. Ces femmes sont des enfans de l’île mariées ailleurs, et qui, mortes dans le péché, loin du sol chéri, y reviennent pour demander à leurs parens des prières.

Quelquefois aussi, dans les longues nuits d’hiver, quand le vent rugit sur les flots, les femmes de l’île d’Artz qui ont leurs maris en mer sont réveillées en sursaut. Elles entendent comme le bruit triste et monotone de l’eau qui tombe goutte à goutte au pied de leurs lits ; alors elles regardent épouvantées, et si le bruit n’a point de cause naturelle, si la place n’est pas mouillée, malheur ! car c’est l’intersigne du naufrage, et la mer vient de faire des veuves !

À Carnac, quand on passe à minuit dans