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les derniers bretons.

à elle seule ; car ce sont toujours deux communes voisines et rivales qui se disputent la soule. Souvent aussi une ville entre en lice contre une population rurale, et alors le combat s’envenime de toute la haine du paysan contre le bourgeois ; alors ce n’est plus seulement la lutte de partis rivaux, c’est un duel de croyances, une bataille de chouans et de bleus, livrée avec les poings et les ongles. Non pas pourtant que cette vieille inimitié soit le résultat d’opinions politiques, car, de tout temps, celles-ci ne furent qu’une occasion ; mais elle tient à ce que le paysan, demeuré serf, a vu le bourgeois, serf comme lui, conquérir richesse et liberté : c’est la jalousie d’un frère cadet, resté dans la misère, contre son aîné devenu grand seigneur. L’insurrection des campagnes, en 93 et 1815, fut moins au fond un élan politique ou religieux, que le résultat