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les derniers bretons.

Du reste, rien ne peut mieux prouver ce que nous avançons que le spectacle d’une soule dans le Morbihan. C’est réellement une lutte entre la ville et la campagne, lutte à laquelle prennent part les hommes de toutes les conditions. Ce jour-là on voit les jeunes gens aux habitudes les plus élégantes, les pères de famille les plus paisibles, se réunir aux ouvriers pour gagner la soule contre les paysans, et faire le coup de poing comme des milords anglais. Quiconque se sent le bras assez ferme et la chair assez dure aux coups, va se jeter dans la mêlée. C’est une sorte de prise d’armes d’une garde nationale volontaire, tant chacun sent instinctivement qu’il y a une question vitale au fond de ce jeu prétendu, et que la campagne, en essayant ses poings contre la ville, ne veut autre chose que tâter ses forces et préluder à la révolte.