Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/10

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rière. On sourit à la nouvelle reine, et, malgré moi, je songe à celle que le temps vient d’envelopper dans son linceul.

Celle-ci, du moins, je sais ce qu’elle était et ce qu’elle m’a donné, tandis que l’autre se présente entourée de toutes les menaces de l’inconnu. Que cache-t-elle dans les nuées qui l’enveloppent ? Est-ce l’orage ou le soleil ?

Provisoirement il pleut, et je sens mon âme embrumée comme l’horizon. J’ai congé aujourd’hui ; mais que faire d’une journée de pluie ? Je parcours ma mansarde avec humeur, et je me décide à allumer mon feu.

Malheureusement, les allumettes prennent mal, la cheminée fume, le bois s’éteint ! Je jette là mon soufflet avec dépit, et je me laisse tomber dans mon vieux fauteuil.

En définitive, pourquoi me réjouirais-je de voir naître une nouvelle année ? Tous ceux qui courent déjà les rues, l’air endimanché et le sourire sur les lèvres, comprennent-ils ce qui les rend joyeux ? Savent-ils seulement ce que signifie cette fête et d’où vient l’usage des étrennes ?