Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/100

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de faire creuser toujours plus avant les mêmes idées. Sans autre interlocuteur que soi-même, on donne toujours à la conversation les mêmes tendances ; on ne se laisse détourner, ni par les préoccupations d’un autre esprit, ni par les caprices d’une sensation différente ; on revient sans cesse, par une pente involontaire, frapper aux mêmes portes !…

J’ai interrompu mes réflexions pour ranger ma mansarde. Je hais l’aspect du désordre, parce qu’il constate ou le mépris pour les détails, ou l’inaptitude à la vie intérieure. Classer les objets au milieu desquels nous devons vivre, c’est établir entre eux et nous des liens d’appropriation et de convenance ; c’est préparer les habitudes sans lesquelles l’homme tend à l’état sauvage. Qu’est-ce, en effet, que l’organisation sociale, sinon une série d’habitudes convenues d’après des penchants naturels !

Je me défie de l’esprit et de la moralité des gens à qui le désordre ne coûte aucun souci, qui vivent à l’aise dans les écuries d’Augias. Notre entourage reflète toujours plus ou moins notre nature intérieure.