Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/109

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vint au monde si chétif qu’on le crut condamné à mourir ; mais, malgré ces prévisions, que l’on pouvait appeler des espérances, il continua à vivre souffrant et contrefait.

Son enfance, dépourvue de toutes les grâces, le fut également de toutes les joies. Opprimé à cause de sa faiblesse, raillé pour sa laideur, le petit bossu ouvrit en vain ses bras au monde, le monde passa en le montrant au doigt.

Cependant sa mère lui restait, et ce fut à elle que l’enfant reporta les élans d’un cœur repoussé. Heureux dans ce refuge, il atteignit l’âge où l’homme prend place dans la vie, et dut se contenter de celle qu’avaient dédaigné les autres. Son instruction eût pu lui ouvrir toutes les carrières ; il devint buraliste d’une des petites maisons d’octroi qui gardaient l’entrée de sa ville natale !

Renfermé dans cette habitation de quelques pieds, il n’avait d’autre distraction, entre ses écritures et ses calculs, que la lecture et les visites de sa mère. Aux beaux jours d’été, elle venait travailler à la porte de la cabane, sous l’ombre des