Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/111

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— Morte ! s’écria-t-il ; morte, celle qui ne m’avait jamais quitté, celle qui m’aimait seule au monde ! morte, vous, ma mère ! que me reste-t-il alors ici-bas ?

Une voit étouffée répondit :

— Dieu !

Maurice se redressa épouvanté! Était-ce un dernier soupir de la morte ou sa propre conscience qui avait répondu ? Il ne cherchât point à le savoir ; mais il avait compris la réponse, et l’accepta.

Ce fut alors que je commençai à le connaître. J’allais souvent le voir à la petite maison d’octroi ; il se prêtait à mes jeux d’enfant, me racontait ses plus belles histoires, et me laissait cueillir des fleurs. Déshérité de toutes les grâces qui attirent, il se montrait indulgent pour ceux qui venaient à lui. Sans s’offrir jamais, il était toujours prêt à accueillir. Abandon, dédain, il subissait tout avec une patiente douceur, et sur cette croix de la vie où l’insultaient ses bourreaux, il répétait, comme le Christ : « Pardonnez-leur, mon père ; ils ne savent ce qu’ils font. »