Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/129

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Ceci m’explique Charles-Quint aspirant au repos du cloître.

Et cependant je n’ai entrevu que quelques-unes des souffrances attachées au commandement. Que dire des grandes disgrâces qui précipitent les puissants du plus haut du ciel au plus profond de la terre ? de cette voie douloureuse par laquelle ils doivent porter éternellement leur responsabilité, comme le Christ portait sa croix ? de cette chaîne de convenances et d’ennuis qui enferme tous les actes de leur vie, et y laisse si peu de place à la liberté?

Les partisans de l’autorité absolue ont défendu, avec raison, l’étiquette. Pour que des hommes conservent à leur semblable un pouvoir sans bornes, il faut qu’ils le tiennent séparé de l’humanité, qu’ils l’entourent d’un culte de tous les instants, qu’ils lui conservent, par un continuel cérémonial, ce rôle surhumain qu’ils lui ont accordé. Les maîtres ne peuvent rester souverains qu’à la condition d’être traités en idoles.

Mais après tout, ces idoles sont des hommes, et si la vie exceptionnelle qu’on leur fait est une insulte