Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/146

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contre celle de l’oiseau habitant des airs, et pour qui le monde entier est un festin ?

Que je comprends bien la plainte de Mao, dans les contes populaires du Foyer breton, lorsque, mourant de soif et de faim, il dit en regardant les bouvreuils butiner sur les buissons :

— « Hélas ! ces oiseaux-là sont plus heureux que les être baptisés ! Ils n’ont besoin ni d’auberges, ni de bouchers, ni de fourniers, ni de jardiniers. Le ciel de Dieu leur appartient et la terre s’étend devant eux comme une table toujours servie. Les petites mouches sont leur gibier, les herbes en graine leurs champs de blé, les fruits de l’aubépine ou du rosier sauvage leur dessert. Ils ont droit de prendre partout sans payer et sans demander : aussi les petits oiseaux sont joyeux, et ils chantent tant que dure le jour ! »

Mais la destinée de l’homme à l’état de nature est celle de l’oiseau ; il jouit également de la création. « La terre aussi s’étend devant lui comme une table toujours servie. » Qu’a-t-il donc gagné à cette association égoïste et incomplète