Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/152

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pas lent des siècles dont on ne peut jamais forcer la marche sans danger.

14 août, six heures du soir. — La fenêtre de ma mansarde se dresse sur le toit comme une guérite massive ; les arêtes sont garnies de larges feuilles de plomb qui vont se perdre sous les tuiles ; l’action successive du froid et du soleil les a soulevées ; une crevasse s’est formée à l’angle du côté droit. Un moineau y a abrité son nid.

Depuis le premier jour, j’ai suivi les progrès de cet établissement aérien. J’ai vu l’oiseau y transporter successivement la paille, la mousse, la laine destinées à la construction de sa demeure, et j’ai admiré l’adresse persévérante dépensée dans ce difficile travail. Auparavant, mon voisin des toits perdait ses journées à voleter sur le peuplier du jardin, et à gazouiller le long des gouttières. Le métier de grand seigneur semblait le seul qui lui convînt ; puis, tout à coup, la nécessité de préparer un abri à sa couvée si transformé notre oisif en travailleur. Il ne s’est plus donné ni repos, ni trève. Je l’ai vu toujours courant, cherchant, apportant ; ni pluie ni soleil ne l’arrêtaient ! Éloquent