Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’il se livrait à son travail. Enfin le nid a été construit ; le ménage ailé s’y est établi, et j’ai pu suivre toutes les phases de son existence nouvelle.

Les œufs couvés, les petits sont éclos et ont été nourris avec les soins les plus attentifs. Le coin de ma fenêtre était devenu un théâtre de morale en action, où les pères et mères de famille auraient pu venir prendre des leçons. Les petits ont grandi vite, et, ce matin, je les ai vu prendre leur volée. Un seul, plus faible que les autres, n’a pu franchir le rebord du toit, et est venu tomber dans la gouttière. Je l’ai rattrapé à grand’ peine et je l’ai replacé sur la tuile devant l’ouverture de sa demeure ; mais la mère n’y a point pris garde. Délivrée des soucis de la famille, elle a recommencé sa vie d’aventurière dans les arbres et le long des toits. En vain je me suis tenu éloigné de ma fenêtre pour lui ôter tout prétexte de crainte ; en vain l’oisillon infirme l’a appelée par des petits cris plaintifs, la mauvaise mère passait en chantant et voletait avec mille coquetteries. Le père s’est approché une seule fois, il a regardé sa progéniture