Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’usent, sans les appétits qui grandissent, sans l’hiver qui oblige à acheter son soleil ! Paulette se plaint de ce que la chandelle dure trop peu et de ce que le bois coûte trop cher. La cheminée de leur mansarde est si grande qu’une falourde y produit l’effet d’une allumette ; elle est si près du toit que le vent y renvoie la pluie et qu’on y gèle sur l’âtre en hiver : aussi y ont-ils renoncé. Tout se borne désormais à un réchaud de terre sur lequel cuit le repas. La grand’mère avait bien parlé d’un poêle marchandé chez le revendeur du rez-de-chaussée ; mais celui-ci en a voulu sept francs, et les temps sont trop difficiles pour une pareille dépense ; la famille s’est, en conséquence, résignée à avoir froid par économie !

À mesure que Paulette parle, je sens que je sors de plus en plus de mon abattement chagrin. Les premières révélations de la petite cartonnière ont fait naître en moi un désir qui est bientôt devenu un projet. Je l’interroge sur ses occupations de la journée, et elle m’apprend qu’en me quittant elle doit visiter, avec son frère, sa sœur et sa grand’mère, les différentes pratiques auxquelles ils doivent leur