Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/194

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— Eh bien, qu’il reprend, la patrie est en péril !

Je ne comprenais pas bien, et cependant ça me fit quelque chose.

— Tu n’as peut-être jamais pensé à ce qu’est la patrie, reprit-il, en me posant une main sur l’épaule ; c’est tout ce qui t’entoure, tout ce qui t’a élevé et nourri, tout ce que tu as aimé! Cette campagne que tu vois, ces maisons, ces arbres, ces jeunes filles qui passent là en riant, c’est la patrie ! Les lois qui te protégent, le pain qui paie ton travail, les paroles que tu échanges, la joie et la tristesse qui te viennent des hommes et des choses parmi lesquels tu vis, c’est la patrie ! La petite chambre où tu as vu autrefois ta mère, les souvenirs qu’elle t’a laissés, la terre où elle repose, c’est la patrie ! tu la vois, tu la respires partout ! Figure-toi, mon fils, tes droits et tes devoirs, tes affections et tes besoins, tes souvenirs et ta reconnaissance, réunis tout ça sous un seul nom, et ce nom-là sera la patrie !

J’étais tremblant d’émotion, avec de grosses larmes dans les yeux.

— Ah ! j’entends, m’écriai-je ; c’est la famille en