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Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/196

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cerveau. Mais en revenant le long du chemin, les paroles de mon oncle étaient, pour ainsi dire, écrites devant mes yeux. Je répétais : — Fais pour ta patrie ce que tu ferais pour ton père et pour ta mère… Et la patrie est en péril ; les étrangers l’attaquent, tandis que moi, je tourne des bilboquets !…

Cette idée-là me travailla si bien dans l’esprit toute la nuit, que le lendemain je retournai à Vincennes pour annoncer au lieutenant que je venais de m’enrôler, et que je partais pour la frontière. Le brave homme me serra sur sa croix de Saint-Louis, et je m’en allai fier comme un représentant en mission.

Voilà comment, voisin, je suis devenu volontaire de la République avant d’avoir fait mes dents de sagesse.

Tout cela était dit sans emphase avec la gaîté délibérée des hommes qui ne regardent le devoir accompli ni comme un mérite, ni comme un fardeau. Le père Chaufour s’animait en parlant, non à cause de lui, mais pour les choses mêmes. Evidemment ce qui l’occupait dans le drame de la