Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Voyons, Chaufour, que je me dis, il s’agit de se conduire comme un homme. La place chez le commandant te convient ; mais ne peux-tu rien faire de mieux ? Tu as encore le torse en bon état et les bras solides ; est-ce que tu ne dois pas toutes tes forces à la patrie, comme disait l’oncle de Vincennes ? Pourquoi ne pas laisser quelque ancien plus démoli que toi prendre ses invalides chez le commandant ? Allons, troupier, encore quelques charges à fond puisqu’il te reste du poignet ! Faut pas se reposer avant le temps.

Sur quoi j’allai remercier le chef d’escadron et offrir mes services à un ancien de la batterie qui était rentré à Clamart dans son foyer respectif, et qui avait repris la pince de carrier.

Pendant les premiers mois, je fis le métier de conscrit, c’est-à-dire plus de mouvements que de besogne ; mais avec de la bonne volonté on vient à bout des pierres comme de tout le reste : sans devenir, comme on dit, une tête de colonne, je pris mon rang, en serre-file, parmi les bons ouvriers, et je mangeais mon pain de bon appétit, vu que je le gagnais de bon cœur. C’est que,