Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Pour cause de réforme, voisin ; les balayeurs ont rarement le pied sec, et l’humidité a fini par raviver les blessures de ma bonne jambe. Je ne pouvais plus suivre l’escouade ; il a fallu déposer les armes. Voilà deux mois que j’ai cessé de travailler à l’assainissement de Paris.

Au premier instant, ça m’a étourdi ! De mes quatre membres, il ne me restait plus que la main droite, encore avait-elle perdu sa force ! fallait donc lui trouver une occupation bourgeoise. Après avoir essayé un peu de tout, je suis tombé sur le cartonnage, et me voilà fabricant d’étuis pour les pompons de la garde nationale ; c’est une œuvre peu lucrative, mais à la portée de toutes les intelligences. En me levant à quatre heures et en travaillant jusqu’à huit, je gagne soixante-cinq centimes ! le logement et la gamelle en prennent cinquante ; reste trois sous pour les dépenses de luxe. Je suis donc plus riche que la France, puisque j’équilibre mon budget, et je continue à la servir, puisque je lui économise ses pompons.

À ces mots, le père Chaufour m’a regardé en