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Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/225

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que les soins d’une femme manquaient au ménage. Le jeune clerc apprit qu’en effet le fermier vivait seul avec ses deux fils.

Des signes trop certains l’indiquaient, du reste. Un couvert que nul ne se donnait la peine de desservir était dressé à demeure près de la fenêtre. Les assiettes et les plats y étaient dispersés sans ordre, chargés de pelures de pommes de terre et d’os à demi-rongés. Plusieurs bouteilles vides exhalaient une odeur d’eau-de-vie mêlée à l’âcre senteur de la fumée de tabac.

Après avoir fait asseoir son hôte, le fermier avait allumé sa pipe, et ses deux fils avaient repris leur travail devant le foyer. Le silence était à peine interrompu, de loin en loin, par une brève remarque à laquelle il était répliqué par un mot ou une exclamation ; puis tout redevenait muet comme auparavant.

— Dès mon enfance, me dit le vieux caissier, j’avais été très-sensible à l’impression des objets extérieurs ; plus tard, la réflexion m’avait appris à étudier les causes de cette impression plutôt qu’à la repousser. Je me mis donc à examiner beaucoup