Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/240

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je sentais, par instant, des retours de vertige qui brouillaient toutes mes perceptions ; je flottais, pour ainsi dire, entre des alternatives d’égarement et de raison.

Quelquefois tout m’apparaissait clairement, comme ces perspectives qui s’ouvrent devant nous par un temps serein, du haut de quelque montagne élevée. Nous distinguons les eaux, les bois, les villages, les troupeaux, jusqu’au chalet posé aux bords du ravin ; puis, subitement, une raffale chargée de brumes arrive, et tout se confond !

Ainsi livré aux oscillations d’une lucidité mal reconquise, je laissais mon esprit en suivre tous les mouvements sans vouloir distinguer la réalité de la vision ; il glissait doucement de l’une à l’autre ; la veille et le rêve se suivaient de plain pied !

Or, tandis que j’errais dans cette incertitude, voici que, devant moi, au-dessous de la pendule dont le pouls sonore mesure les heures, une femme m’est apparue !

Le premier regard suffisait pour faire comprendre que ce n’était point là une fille d’Ève. Son œil avait l’éclat mourant d’un astre qui s’éteint, et son visage