Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/27

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deviennent pour un instant les maîtres, et tout est abandonné aux folles de la maison.

Les cris redoublent dans le carrefour ; les troupes de masques se multiplient, à pied, en voiture et à cheval. C’est à qui se donnera le plus de mouvement pour briller quelques heures, pour exciter la curiosité ou l’envie ; puis, demain, tous reprennent, tristes et fatigués, l’habit et les tourments d’hier.

Hélas ! pensé-je avec dépit, chacun de nous ressemble à ces masques ; trop souvent la vie entière n’est qu’un déplaisant carnaval.

Et cependant l’homme a besoin de fêtes qui détendent son esprit, reposent son corps, épanouissent son âme. Ne peut-il donc les rencontrer en dehors des joies grossières ? Les économistes cherchent depuis longtemps le meilleur emploi de l’activité du genre humain. Ah ! si je pouvais seulement découvrir le meilleur emploi de ses loisirs ! On ne manquera pas de lui trouver des labeurs ; qui lui trouvera des délassements ? Le travail fournit le pain de chaque jour ; mais c’est la gaîté qui lui donne de la saveur. Ô philosophes ! mettez-