Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/52

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leurs cheveux blancs ; c’est comme une épargne de jeunesse dont ils touchent tardivement les arrérages. Puis, condamnés si longtemps à détruire, ils trouvent peut-être une secrète joie à créer et à voir renaître. Agents de la violence inflexible, ils se laissent plus facilement charmer par la faiblesse gracieuse ! Pour ces vieux ouvriers de la mort, protéger les frêles germes de la vie a tout l’attrait de la nouveauté.

Aussi le vent froid n’a pu chasser mon voisin de son balcon. Il laboure le terrain de ses caisses vertes ; il y sème, avec soin, les graines de capucine écarlate, de volubilis et de pois de senteur. Désormais il viendra tous les jours épier leur germination, défendre les pousses naissantes contre l’herbe parasite ou l’insecte, disposer les fils conducteurs pour les tiges grimpantes, leur distribuer avec précaution l’eau et la chaleur !

Que de peines pour amener à bien cette moisson ! Combien de fois je le verrai braver pour elle, comme aujourd’hui, le froid ou le chaud, la bise ou le soleil ! Mais aussi, aux jours les plus ardents de l’été, quand une poussière enflammée tourbillonnera